Être né quelque part, pour celui qui est né
C’est toujours un hasard entonne Le Forestier
Et de poursuivre, est-ce que les gens naissent égaux
En droits à l’endroit où ils naissent inégaux ?
Ils sont venus à pied du fond de la misère
Fuyant les tyrannies, les horreurs de la guerre
Parfois privés de tout, d’eau, de nourriture
Les migrants climatiques se risquent à l’aventure
Dupés par des passeurs, des mafieux sans scrupules
Où seul compte l’argent, procédés de crapules
Et tant pis si la mer, dans un rouleau d’écume
Engloutit le rafiot sans réaction posthume
Le malheur n’est pas crime, la pauvreté non plus
Quand le Nord s’accapare des richesses voulues
Il fomente des guerres, détruit l’écosystème
Et les flux migratoires deviennent un problème
L’échange n’est pas juste, aux parias l’obole
On déverse en Afrique des surplus agricoles
A des prix de dumping en poussant les enfants
Sans souveraineté à toucher le néant
Le monde libéral, c’est pour les capitaux
C’est pour les marchandises que tractent les cargos
C’est pas pour les humains et le juste vivre au monde
Inhumaine équation au cœur des plus immondes
La crise du monde, c’est celle que l’on croise
Dans les regards hagards des réfugiés qu’on toise
Porte de la Chapelle, Calais ou la Roya
D’étranges étrangers qui nous tendent les bras
En guise de réponse, on lacère leurs tentes
On gaze au lacrymo, on menotte en attente
Ne nous habituons pas à manquer de chaleur
Nous y perdrions notre âme et le souffle du cœur
La crise migratoire est une crise d’accueil
On ferme les frontières, on repousse le seuil
Repli, indifférence, c’est pas la solution
Expulsion et charters, une vaine illusion !
Les enfants qui s’accrochent au ventre d’un avion
Devant les barbelés sous un ciel tentation
Ils commencent à ramper en dessous du silence
Ils m’arrachent des larmes et mes poings en souffrance
Du mur d’indifférence, soudain c’est l’espérance
A bord de l’Aquarius, parfois une naissance
Au milieu de la mer, MERCY a fait son cri
On lui a tendu la main et l’enfant est en vie
Pour avoir hébergé des migrants de passage
Dans la vallée Roya, HERROU dans son sillage
Condamné pour délit de solidarité
Eux c’est nous, nous c’est eux, question d’humanité
L’exil n’est pas un choix, il est une douleur
Une violence, un cri qui vient de l’intérieur
Quand faiblit l’humanisme, c’est le nationalisme
Gardons-nous de revoir s’instaurer le fascisme !
Yvon Lassalle, maire de Pailhès
Texte lu par Yvon Lassalle lors de la projection du film « Contre les murs » à Pailhès en février 2023